Polar de Lucas Belvaux avec Yvan Attal, André Marcon, Anne Consigny | 2h05 | France | 2009
Businessman respecté, Stanislas Graff est enlevé par des truands cagoulés. Et tout s’emballe: doigt coupé, demande de rançon, angoisse de l’attente. La famille et la police sont sur les dents. Plus les jours passent, plus l’étau se resserre sur Graff…
Polar librement adapté de l’enlèvement du baron Empain en 1978, Rapt (titre lapidaire, comme la mise en scène tranchante de Belvaux) est surtout le récit de la déconstruction d’un individu, d’abord dépossédé de son humanité dans des conditions atroces de détention. De son statut social ensuite, lorsque son conseil d’administration l’abandonne. De son image de respectabilité et de sa vie privée enfin, quand la presse à scandale dévoile sa face cachée: soit un produit décadent du capitalisme méprisant, homme à femmes et flambeur invétéré. Après La raison du plus faible, Belvaux nous rappelle que le tissu social est irrigué par la violence.
Mais que les hommes, lorsqu’ils n’ont plus rien, sont douloureusement égaux. Transcendant un film ambitieux et inégal, dont les vingt-cinq dernières minutes sont passionnantes, Attal, méconnaissable (il a perdu beaucoup de poids pour le rôle) offre toutes les facettes d’un être complexe auquel une irrépressible solitude rendra une part de dignité. Il y a du césar dans l’air.
T.V.W. moustique.be