© Bohumil KOSTOHRYZ | boshua | pour TNL
Le soir tombe. Un homme, qui a roulé en voiture durant toute la journée, s’arrête auprès d’une friterie délabrée au bord d’un lac. Il revient d’un voyage d’affaires à Bruxelles. Il est exténué. Il croit qu’il s’est trompé de route. Le propriétaire de la friterie, Théo, lui servant une bière, ne s’arrête pas de parler: les nombreux touristes, les déchets jetés dans le lac, les canards qui s’étouffent en tentant d’avaler les restes de frites, les droits de protection des animaux, etc. Durand, l’homme d’affaires, peine à placer une parole. Finalement, après maintes hésitations, il avoue qu’il ne s’est pas perdu, mais qu’il ne retrouve plus son pays. Cette déclaration est d’abord reçue avec incrédulité, puis avec humour, comme une bonne blague, par Théo, qui se lance dans des comparaisons sociologiques, puis eschatologiques, de plus en plus farfelues. Mais le désespoir de Durand – son pays se trouvait à l’exact emplacement du lac, dit-il – semble sincère et Théo ne peut s’empêcher d’en être touché. Leurs deux situations ne sont peut-être pas si dissemblables. Avec L’Homme qui ne retrouvait plus son pays Ian de Toffoli, jeune auteur en résidence auprès du TNL, n’a écrit ni une allégorie mythologique et décalée, ni une farce macabre, ni un drame familial, et pourtant, c’est tout cela à la fois. C’est une pièce volontairement déstabilisante et anti-réaliste, d’un onirisme parfois shepardesque, mais qui soulève pourtant de très sérieuses questions sur les besoins fondamentaux de l’homme – le travail, le domicile, la famille, l’identité – ainsi que son rôle dans la société d’aujourd’hui.
Mise en scène: Anne Simon
Décors et costumes: Anouk Schiltz
Visuels: Dominique Zeltzer-Russell
Avec: Caty Baccega, Luc Schiltz, Serge Wolf