L’ÎLE
Nicolas Givran vous convie à sa table. Ce n’est ni une métaphore, ni une « façon de parler » : c’est bel et bien à table, devant un repas, que le comédien et le texte d’Angélica Liddell vous attendent. Le décorum ainsi posé, rien ne laisse présager pourtant le déroulement du cérémonial…
Bien sûr, on pense au célèbre film Festen, jalon du mouvement « Dogme95 » cher à Lars Von Trier. Dans L’Île également, la parole s’immisce, puis surgit, occupe soudainement un terrible espace qu’on ne lui attribuait — a priori — pas. La parole, ici, évoque l’abominable tuerie de l’île d’Utoya, en Norvège. Elle en convoque les fantômes, les raisons, en estompe les contours pour lui donner l’allure d’un mauvais songe où les rôles peuvent s’intervertir.
En malmenant les codes de la convivialité, le spectacle de Nicolas Givran nous pousse à tomber le masque et risquer un œil sur le miroir qu’il nous tend. C’est, en substance, le pouvoir vénéneux de ce texte écrit par une auteure se définissant elle-même comme « atteinte de sociopathie ».
ANGÉLICA LIDDELL / NICOLAS GIVRAN Texte Angélica Liddell L’Île, monologue extrait de « Tout le ciel au-dessus de la Terre » Traduction Christilla Vasserot Mise en scène et interprétation Nicolas Givran Assistante à la direction d’acteur Marie Birot Création lumière Alain Cadivel,Yannick Hebert Avec la participation des élèves du Lycée Josy Barthel Mamer Production déléguée TEAT Champ Fleuri l TEAT Plein Air, Théâtres départementaux de La Réunion Soutien DAC OI